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Bienvenue au Royaume de
Forbrave

2ème Salon du Livre de Forbach : création collective de conte

Chers visiteurs, chères visiteuses,

Peut-être nous sommes-nous rencontrés à Forbach,

peut-être nous connaissons-nous par ailleurs,

peut-être découvrez-vous le Royaume de l'ombre...

Quoi qu'il en soit, bienvenu sur cette page, où un nouveau royaume s'ouvre à vous: celui que quatre héros ont créé tout en menant une aventure haletante et surprenante...

Car, le savez-vous ? Du cœur dépend tout. En doutez-vous ?

Suivez ce conte, créé à cinq voix lors du 2ème Salon du Livre de Forbach,

et vous verrez...

La santé d'un cœur

Il était une fois, un Royaume très grand, très beau, qui s’appelait le Royaume de Forbrave. Il était gouverné par un Roi et une Reine avec beaucoup de sagesse. Néanmoins, vieillissant, ils souhaitaient sacrer roi leur fils le Prince.

Malheureusement, ce dernier était malade, et souvent alité. De nombreux médecins, très savants, l’avaient examiné, et nul n’avait su le soigner. Cela causait beaucoup de tristesse à ses parents et à sa famille.

Cependant, tandis que la maladie du Prince empirait, le Royaume souffrait lui aussi, de plus en plus. Cela avait commencé par quelques vents froids, puis s’était poursuivi par des sécheresses, des inondations, puis des tempêtes et séismes… Le Royaume semblait se dérégler, rongé par un mal qui en touchait petit à petit tous les domaines. Même le peuple devenait de plus en plus agressif, ou paresseux. Vous vous doutez bien de l’anxiété qui tenaillait la Reine et le Roi ! Le Premier Ministre, les voyant de plus en plus stressés et commettant de plus en plus d’erreurs, appela, pour soigner le Prince, la Fée des Bois.

Son nom ne semble pas bien redoutable, mais nul n’aurait osé la déranger pour rien ! Faire venir la Fée des Bois impliquait un besoin impérieux ! Elle arriva donc au Château, observa rapidement le Prince et, d’un ton qui ne permettait pas de réplique, affirma que son cœur était malade. Qu’en raison de ces troubles, le Royaume tout entier, auquel il était très lié, et qui dépendait de lui, souffrait. Jetant un regard bref mais compatissant sur son pathétique auditoire (la Reine, le Roi et le Premier Ministre), elle ajouta (se doutant qu’il ne pourrait le savoir) que le seul moyen de guérir le prince était de lui donner un cœur de dragon. Vous vous en doutez, nul n’osa souffler mot, attendant de la fée plus de détails. Mais elle estimait avoir tout dit. Le Premier Ministre se risqua alors à demander :

« Très chère et honorable Fée des Bois, comment pourrons-nous faire cela ?

- Mais voyons, s’exclama-t-elle d’un ton agacé, réalisant à quel point les humains sont ignorants, il faut prendre un cœur de dragon et le lui apporter ! »

Estimant avoir tout dit, elle repartit aussitôt vers sa Forêt : elle avait consacré bien assez de temps à ces ignorants d’humains, et les avait bien aidés.

Le Premier Ministre resta coi. Le Roi parla alors : « Il nous faut donc un dragon…

- Mais qui sera assez courageux pour aller chercher son cœur ? demanda la Reine.»

Aussitôt, le Premier Ministre envoya, par tout le Royaume, des messagers chargés de trouver des volontaires.


 

Quatre arrivèrent au Château. Ils semblaient, tous quatre, déterminés à sauver le Prince et prêts à affronter un dragon, mais aussi tout ennemi qui voudraient les en empêcher. La Fée des Bois, avertie, s’empressa de retourner au Château, consciente que sans son aide ces quatre-là se feraient assurément dévorer.

Ils se présentèrent au Premier Ministre : tout d’abord, Le Courageux, un guerrier qui n’avait jamais eu peur de rien (jusqu’à présent!). Puis arriva un elfe si adroit que ses flèches ne manquaient jamais leur cible (au point que, quelques siècles plus tard, un écrivain de très grand talent reprendra son nom), nommé Legolas. Ensuite, arriva un papillon magique, nommé Forêt, qui avait voleté longtemps mais sans fatigue pour arriver au Château. Enfin, se présenta la Fée Rousse, discrète et au charme envoûtant. Ils furent accueillis chaleureusement par le Premier Ministre et amenés devant le Roi et la Reine. Soudain, la Fée des Bois surgit dans la Salle des Trônes.

« Braves aventuriers, s’écria-t-elle ! Vous sauverez le Royaume tout entier en sauvant le cœur du Prince ! Mais pour cela, il vous faut développer encore vos forces. »

D’un geste rapide, elle lança des lumières colorées, qui s’enroulèrent autour de nos volontaires ! Et, alors que leur éclat disparaissait peu à peu, comme si elles entraient en eux, la Fée des Bois annonça :

« Le Courageux, ta bravoure est réelle, mais je donne à ton épée le pouvoir de geler ton adversaire ! Toi, Forêt, ton pouvoir à préserver ta forme et ta santé, je l’étends : tu sauras désormais récolter toutes sortes de plantes afin de donner aux autres les soins dont ils ont besoin ! Et toi, ma chère Fée Rousse, ton talent à apaiser les autres est désormais élargi : ainsi, tes chants pourront rassurer ou endormir qui tu voudras, quel que soit l’être auquel tu t’adresses ! Quant à toi, Legolas, je ne peux augmenter un pouvoir comme le tien ! Mais je lance sur ton carquois un enchantement afin que tu ne manques jamais de flèches ! Allons, partez, maintenant ! Pour commencer, il vous faut traverser la forêt !»

Là-dessus, comme à son habitude, et pensant à nouveau qu’elle avait bien œuvré, elle partit sans un salut retrouver ses chers arbres.


 

Le Courageux, la Fée Rousse, Forêt et Legolas se regardèrent, et d’un seul mouvement saluèrent leurs monarques et ministre pour se mettre en route.

« Comme ils sont courageux ! murmura la Reine.

- Et déterminés, poursuivit le Roi.

- Je leur souhaite de réussir et de revenir sains et saufs », dit le Premier Ministre.

A peine sortis du château, Legolas commença :

« La Fée des Bois nous a dit de traverser la forêt. C’est par ici.

- Et ensuite ? demanda Le Courageux. Nous n’avons pas de carte.

- Nous verrons bien, chantonna la Fée Rousse : peut-être trouverons-nous un indice…

- Tout à fait ! Et la forêt est riche de fleurs magnifiques et délicieuses ! » minauda le papillon.

Les quatre aventuriers rirent de bon cœur et, confiants, avancèrent d’un pas décidé.

 

Cependant, le temps d’arriver à la grande forêt, le jour commençait à tomber.

« - Que faire, demanda Legolas, faut-il entrer dans la forêt ou devons-nous camper à son orée ? »

La Fée Rousse, toujours bien inspirée, décida pour le groupe qui approuva : ils campèrent donc à l’entrée de la forêt, sous les premiers arbres. Ils préparèrent leurs couchages et commencèrent à se reposer, mais il fallait prévoir des tours de garde… Car, bien sûr, tout le royaume avait entendu parler de l’équipée des quatre héros ! C’est pourquoi de terribles ennemis du prince s’étaient mis en route pour les empêcher d’accomplir leur mission. Il fallait donc être prudent !

Legolas alluma un feu. Le papillon magique Forêt s’empressa de rassembler des plantes (avec l’aide du Courageux et de la Fée Rousse, parce qu’un papillon, hé bien, ne peut pas porter beaucoup de tiges, racines, fleurs, etc) et prépara de délicieux mets ! Les quatre héros s’installèrent ensuite confortablement et le plus courageux proposa de monter la garde toute la nuit… Pendant que les trois autres dormaient, Le Courageux entendit d’étranges bruits… Aussitôt, il le reconnut ! De gros pas lourds, très lourds, comme des pierres qui tomberaient sur le sol… Il sut qu’il s’agissait de Silice !

Silice était un géant de pierre, immense et sans pitié, qui étouffait ses victimes dans leur sommeil. Aussitôt, le guerrier réveilla ses trois comparses et ils échangèrent rapidement sur le meilleur moyen de se protéger de Silice. Vite, ils avaient peu de temps pour décider d’une stratégie ! Une flèche de Legolas ? Mais non, pas sur de la pierre ! Une attaque du Courageux ? Silice le repousserait d’un geste du bras ! Des potions ? Impossible !
 

Sans hésiter, ils s’en remirent aux dons de la Fée Rousse. Pleine de courage, elle se leva, se cacha, attendant que leur ennemi s’approche suffisamment. Alors, le voyant apparaître entre les arbres, elle se mit à chanter… Une chanson secrète : une drôle de musique que nul ne pouvait suivre, des mots qui semblaient ne pas être des paroles humaines, mais des chants d’oiseaux, avec un son qui paraissait fait d’un assemblage de différents vents. Ce chant fit s’arrêter les pas. Tout à coup, on entendit un énorme « boum » ! Silice venait de s’écrouler. Aussitôt, Legolas avança avec son arc (comme s’il pouvait tuer Silice !), courageusement. Les quatre compagnons s’aperçurent que le monstre dormait à poings fermés. Alors, le Courageux s’écria : « Il faut l’empêcher de se réveiller, ou le rendre inoffensif ! Mais je ne peux pas le tuer d’un coup d’épée !

- Coupons-le en morceaux et éparpillons-les dans tout le royaume, qu’il ne puisse plus nuire ! proposa le papillon. »

Legolas sembla d’abord choqué, puis approuva. Le Courageux répondit :

« - Oh, casser un tel monstre, mais c’est beaucoup de travail ! On voit bien que ce n’est pas toi, Forêt, qui le ferait ! » Tous rirent.

« - Je vais lui couper la tête. » annonça le guerrier.

Mais la pierre était dure, et son cou épais. « Peut-être que si tu le gelais… proposa Forêt. Tu sais, parfois la pierre casse sous trop de froid. » Ainsi fut-il dit, ainsi fut-il fait.

La Fée Rousse fredonna à nouveau à Silice un chant magique de sommeil. Le Courageux frappa le colosse de son épée, et il se recouvrit d’une épaisse couche de glace. On entendit des craquements. Puis la couche gelée fondit, révélant un géant de pierre plein de fissures. Alors le guerrier détacha (de quelques coups d’épées) la tête de Silice. Les quatre héros rangèrent leurs affaires (car ils étaient soigneux et ne laissaient jamais aucune trace de leur passage) et éloignèrent cette tête en l’amenant très loin : ils la firent glisser dans un ravin, en bas duquel elle se coinça au bord d’un ruisseau.

Depuis ce jour, on peut parfois apercevoir une boule de pierre, près d’une rivière, qui a l’air de dormir. Peut-être est-ce la tête de Silice qui, enchantée, dort toujours ?

Après cet exploit, épuisés, ils marchèrent peu et, sans même un feu, se recouchèrent. Mais ils dormirent peu, et mal… Car ils n’ignoraient pas que d’autres ennemis du prince les cherchaient. De plus, ils étaient entrés dans l’immense forêt, l’inquiétante forêt…

Au lever du soleil, le papillon Forêt rassura ses compagnons : il était là chez lui, et saurait les guider. Ils avancèrent ainsi longtemps, très longtemps, marchant plusieurs jours (deux, cinq ? Ils ne purent le dirent, marchant jour et nuit et usant toutes leurs forces), jusqu’au lac. Le lieu était envoûtant de beauté, de grandeur, de pureté. Mais ce qui devait arriver arriva : n’ayant pas pris soin de leur santé, ils s’écroulèrent d’épuisement. Ils avaient besoin de dormir. Mais il était vital que quelqu’un monte la garde. Tous s’endormirent… Mais pour peu de temps…

Car une odeur répugnante envahit bientôt l’espace. Une odeur de fromage pourri, comme un très vieux Saint Nezdterre au soufre. Tous quatre se redressèrent : ils avaient déjà entendu parler d’un monstre à l’odeur notoire… Ils savaient qu’il s’agissait de Grisou. Ce monstre, immense, savait avancer sans bruit mais était repérable à son odeur (enfant, Grisou n’était senti que par les oiseaux, qui en tombaient à la renverse ! Mais en grandissant…). Il apparut soudain, et de sa bouche sortaient de dangereux vents explosifs !

« Vite ! Legolas ! s’écria Forêt, sauve-nous ! »

Et le papillon se cacha derrière Legolas. Heureusement, ce dernier, encouragé par Le Courageux, réagit rapidement.

« - Vas-y, Elfe ! hurla le guerrier, lance ta flèche, car tu ne rates jamais ta cible !

- Vise son œil, son unique œil, ajouta la Fée Rousse. Cela le tuera sur le coup ! »

Ainsi fut-il dit, ainsi fut-il fait. Legolas visa juste. Et Grisou s’affala de tout son long.

Mais il ne fut pas tué… Aveuglé, il se releva… Forêt insista, effrayée, pour qu’on lui coupe la tête. Ce que fit Le Courageux d’un coup d’épée. Tous les quatre, navrés, contemplèrent le corps de leur ennemi.

« Les combats peuvent être terribles… murmura la Fée Rousse.

- Et ce n’est pas encore fini… » soupira Forêt. Alors, comme se réveillant d’un douloureux rêve, elle entreprit de préparer une boisson à ses amis, qui leur redonnerait énergie et optimisme. Et elle en but aussi !

Ils reprirent la route, non sans avoir enterré Grisou et recouvert sa tombe d’une haute fleur. Cette dernière, en poussant sur les effluves du monstre, est devenue carnivore, certes magnifique, mais si malodorante que seules les mouches s’en approchent… Ceci dit, ses pollens sont emportés par les vents vers des terres lointaines, aussi n’en rencontre-t-on qu’une seule au Royaume de Forbrave (ouf !).


 

Ils firent halte sur une petite plage, désireux de se rafraîchir dans la douce eau. Ils s’amusèrent puis, observant la surface bleue qui les entourait, ils virent une forme apparaître…

Forêt scruta l’eau. Legolas se pencha, Le Courageux fronça les sourcils. Et la Fée Rousse s’écria : « Le dragon ! Le dragon est là ! 

- Comment ? hurla Le Courageux, qui aussitôt frappa le lac de son épée.

- Non, dit Legolas, il ne s’agit pas du dragon ! »

Ils ne bougèrent plus. L’eau redevint lisse. Et ils virent… la forme d’un visage gris surmonté de quatre cornes pointues…

« - Oh, s’exclama Forêt, mais bien sûr ! C’est un reflet ! »

Elle pointa son doigt vers des hauteurs. Tous suivirent son regard. Le lac reflétait les cimes d’une haute, très haute, très très haute montagne…

« - La montagne du dragon ! » dirent-ils tous dans un souffle.

« - Bien sûr, dit Legolas, où un dragon peut-il vivre, sinon sur des hauteurs que nul ne fréquente ? 

- Notre route se poursuit donc par là. » conclut Le Courageux.

Ils prirent ainsi le chemin de la montagne.

Marchant d’un bon pas, mais prenant garde, cette fois, à se ménager des pauses et à se nourrir des délicieuses préparations de Forêt, ils rejoignirent la montagne grise en trois jours. Ils dormirent à son pied, sans être attaqués. Legolas craignit que le danger ne les rejoigne et s’étonnait de n'être plus attaqué. Mais la Fée Rousse en était grandement soulagée.

Ils marchaient, grimpaient, escaladaient, mais ressentaient de plus en plus la peur… La peur du dragon : que feraient-ils, face à lui ? Pour que son équipe ne perde pas espoir, la Fée Rousse chanta, d’un chant qui faisait grandir le courage dans les cœurs. Legolas eut la sensation d’être plus léger. Le Courageux lui-même sentit son cœur battre plus vite, et Forêt avança plus rapidement, se sentant des ailes d’aigle. Ils parvinrent ainsi sur les hauteurs de la montagne.

Après un chemin étroit et escarpé, ils se hissèrent sur une avancée rocheuse, où, stupéfaits, ils contemplèrent la large entrée d’une grotte. Legolas ayant une vue perçante, il devina que la cavité était profonde, très profonde, à l’échelle de cette entrée impressionnante. Il prévint ses compagnons : « Cela pourrait tout à fait convenir à un dragon... »

« - Tu as raison, Legolas.

- Il faut explorer cet endroit.

- Allons-y ! »

Ils entrèrent donc comme un seul héros à l’intérieur de ce qui était une large galerie. Des roches éparses et de toutes les tailles parsemaient le sol et les parois étaient si poussiéreuses qu’elles ne reflétaient aucune lueur.

La Fée Rousse chuchota soudain à ses camarades : « Attendez ! Regardez ! Il y a quelqu’un ici, je sens des mouvements et…

- … on dirait que quelqu’un est caché avec des lanternes… murmura Legolas. »

Soudain, de nombreux personnages, de petite taille, verts et phosphorescents, jaillirent des quatre coins de la grotte, bloquant la sortie et se précipitant vers eux avec des cris gutturaux. Leurs visages étaient cruels et ils tenaient un silex taillé en poignard dans chaque main.

Legolas décocha immédiatement des flèches et Le Courageux fonça, épée au poing, en criant : « Je les reconnais ! Ce sont des radons ! A l’attaaaque !

- Hé, attendez, cria Forêt. Je ne pourrai pas vous soigner tous en même temps ! »

Alors la Fée Rousse se mit à chanter, d’un chant aigu, haut, puissant, menaçant de faire vibrer les plafonds de pierre. L’armée de lutins verts phosphorescents lâcha rapidement ses armes et se mit les mains sur les oreilles. Les uns après les autres, ils ne firent plus attention à nos héros et devinrent blancs. Blancs de peur ! Ils se mirent à courir dans tous les sens, certains vers l’extérieur, d’autres vers le fond de la grotte, d’autres encore en essayant de grimper aux murs… Nos quatre aventuriers étaient bien sûr pliés de rire ! Mais… Tant d’agitation fit résonner la grotte sur toute sa profondeur.

Tandis que les radons fuyaient, un souffle chaud se fit sentir. Forêt faillit en tomber à la renverse ! La Fée Rousse s’inquiéta : « Un autre danger nous guette... »

Alors, deux yeux apparurent, ronds, larges, immenses ! Un œil vert, perçant, les fixa, comme s’il pouvait les transpercer. Un œil bleu, profond, sembla absorber leurs pensées. Sous ses deux yeux, une gueule capable de les engloutir tous les quatre, emplie de dents plus longues et pointues que les stalactites de la grotte, s’ouvrit lentement, menaçante.

« Attention ! »

Les quatre héros se jetèrent au sol avant qu’une flamme rouge et terrible n’en jaillisse ! Puis, une voix rauque et autoritaire éclata :

« Comment avez-vous osé me réveiller ? »

Le Courageux répondit immédiatement :

« - Nous n’y sommes pour rien ! Ce sont ces lutins !

- Et qui a fait venir ces radons ici ? tonna le dragon.

- Ils voulaient nous empêcher de vous rencontrer, poursuivit le guerrier.

Car nous voulons guérir le Prince. »

Le dragon sentit alors que ses visiteurs allaient l’ennuyer.

« - Il nous faut votre cœur, s’écria Legolas.

- Un seul de vos deux cœurs permettra de le guérir, expliqua Forêt…

- JAMAIS !! » hurla le monstre.

Forêt lança alors :

« - Nous vous offrirons de l’or.

- Des montagnes d’or, si vous le voulez ! enrichit Le Courageux.


 

Mais, observant la scène, la Fée Rousse devina que leurs promesses, quelles qu’elles soient, ne serviraient à rien. « Il ne va pas nous laisser le tuer, évidemment », murmura-t-elle. Forêt, qui était un papillon très ancien, savait que les dragons ne pouvaient pas mourir. Mais pour rester dragon, ses deux cœurs étaient nécessaires. Si l’un d’eux cesse de battre, ou s’il lui est enlevé, il se transforme alors. Elle expliqua : « Les dragons ne peuvent pas être tués… » et Legolas, observant ses écailles robustes, son immensité et sa force, s’écria :

« - Que faire, alors, si je ne peux le transpercer ?

- Et si je ne peux pas le percer de mon épée ? ajouta Le Courageux.

- Ô Dragon, dit Forêt, tu sais que nous ne pouvons pas te tuer, et que tu peux vivre avec un seul de tes cœurs. Le Royaume en a tant besoin et il te sera reconnaissant…

- Certes, répondit brusquement le dragon, mais je ne suis pas encore décidé à... » Il ne put finir sa phrase. Car la Fée Rousse s’était mise à chanter, une berceuse dont les notes apparaissaient dans les airs, se transformant en des fleurs variées et innombrables, qui dansèrent en rondes, et enlacèrent rapidement l’immense hôte de la montagne. Le dragon tomba de sommeil, posant doucement sa tête, son cou, et tout son long corps sur les pierres. Il fut recouvert d’une épaisse couverture de roses, violettes, lys, et de tant d’autres fleurs qu’il est impossible de les nommer toutes.

L’enchantement de la Fée Rousse provoqua, sur l’être extraordinaire qu’était le dragon, un phénomène parfumé et merveilleux. Legolas interrogea la fée d’un regard. « Je ne sais pas ce qui va se passer, répondit-elle. Je n’avais encore jamais vu de tel phénomène ! »

Legolas préparait ses flèches, Le Courageux préparait son épée, mais nul ne savait que faire. Soudain, la couverture de fleurs bougea, comme soulevée sous l’effet de vagues. « Ton chant a un effet incroyable, Fée Rousse : le dragon abandonne, souffla Forêt. Il... » Elle ne put poursuivre, la voix nouée par l’émotion. Jamais encore elle n’avait assisté à un tel phénomène. Tous quatre entouraient le dragon, disparu sous les notes enchantées, et les fleurs se soulevaient, se soulevaient… Jusqu’à ce qu’un magnifique cygne en émerge ! Il vola, tenant dans son bec… Un cœur rouge et battant, à la fois fort et délicat, qu’il vint déposer sur le tapis de pétales.

Puis il s’envola, poussant un cri fort et terrible, visiblement de rage.

Nos quatre compagnons saisirent délicatement le cœur, l’emballèrent dans un foulard de soie, et reprirent la route.

Ils avaient vaincu la peur, la fatigue, mais aussi Silice, Grisou, les radons, et même le dragon ! Imaginez l’accueil qu’ils reçurent, au château !

Comme vous l’avez deviné, le Prince fut guéri ! En pleine forme, le cœur fort et généreux, guéri, il se leva et se mit au travail. Peu à peu, les catastrophes cessèrent, les malheurs disparurent.

Le Roi et la Reine purent enfin sacrer roi leur fils. Le Prince devint Roi de Forbrave, et nomma La Fée Rousse, Le Courageux, Legolas et Forêt du titre le plus honorifique qui soit : ils furent reconnus comme étant les quatre Braves du Royaume. Un titre rare, qui ne fut plus jamais donné à quiconque.

Que devint le Prince ? Il régna et eut beaucoup de gouvernements.

Les quatre Braves ? On les appela au service de nombreux autres Royaumes, et ils firent ainsi le tour du monde. Ils devinrent des légendes, tant et si bien que plusieurs écrivaines et écrivains s’en inspirent encore… Les guerriers sont obligés de se montrer courageux, Legolas inspira chantres, poètes et écrivains, au point que l’on perpétue la légende des elfes, Forêt laissa une telle empreinte qu’aujourd’hui encore le papillon est l’insecte que tous aiment, et la Fée Rousse fut si souvent peinte qu’aujourd’hui nous en avons des milliers de portraits… sans qu’aucun ne soit ressemblant !

Quant au royaume de Forbrave, ce qu’il est devenu… Nul ne le sait. Nous cherchons encore où est situé ce Royaume.

Par contre, des cygnes… Nous en voyons beaucoup, n’est-ce pas ? Est-ce dû aux nombreuses missions des quatre Braves ? Nul ne le sait. Mais ce que nous savons, c’est qu’ils sont tous des dragons ayant perdu l’un de leur deux cœurs. Ce qui explique leur cri, si rauque, si fâché, pour un oiseau par ailleurs si élégant !

Mais n’oubliez jamais que sous la beauté et la noblesse du cygne, se cache encore un cœur de dragon !

Cela veut-il dire qu’aujourd’hui encore, des cœurs et des royaumes peuvent guérir ?


 

Fin


 

De tout cœur, nous vous offrons ce conte. Nous aimons les belles histoires, en créer, et nous nous sommes bien amusés !


 

La fée Rousse, Le Courageux, Forêt, Legolas, MD


 

Forbach, 17 juin 2023, au deuxième salon du livre de Forbach

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